En juillet 2020, le président lisait l’Impartial et tombait sur un article intitulé “Une famille sous le coup d’une expulsion”, lequel relatait les mésaventures d’un couple de musiciens ukrainiens (leur situation était sauf erreur en lien avec la crise du COVID) forcés de rentrer dans un chez-eux qui n’était plus. C’est un peu par hasard que refait aujourd’hui surface cet e-mail resté sans réponse et dont le contenu est copié ci-dessous.

e-mail

en-tête partielle

• Date: 202p-07-28 21:21:27 CET
• À: bayron.schwyn@arcinfo.ch
• Sujet: En réponse à votre article “Une famille [ukrainienne] sous le coup d’une expulsion”

le texte intérgral

Monsieur,

j’ai lu votre article avec grand intérrêt et voici en substance ce qui m’a traversé l’esprit à ce moment:

Je ne peux rester inactif face à tant d’inepties. J’ai eu pour ma part la chance de voyager en Ukraine en 2006, pays que j’ai traversé en moto durant près de trois mois. Je me souviens m’être rendu à l’ambassade suisse de Kiev, car on m’avait conseillé de m’y rendre pour annoncer ma présence et fournir une adresse aux autorités suisses. Le portier - ukrainien - ne m’a laissé entrer que lorsque j’ai crié dans la rue que j’avais honte d’être Suisse. L’ambassadeur - suisse - m’a remis dehors en m’expliquant que si je me décidais de mon plein gré de me rendre dans l’un des dix pays les plus corrompus du monde je ne devais m’attendre à aucune aide. Quelques semaines plus tard, au téléphone, la collègue de ce même ambassadeur que j’avais pourtant reconnue à la voix me raccrochait au nez, sans justification aucune.

Quelques années après mon retour dans cette prison au barreaux dorés qu’est la Suisse, on me mettait à l’AI pour dépression et troubles schizotypiques alors que je souffre d’une spondilarthrite ankylosante, maladie qui n’a jamais été soignée autrement que par des anti-dépresseurs.

Pourtant, messieurs les Juges, vous affirmez qu’"[…] il n’y a pas de raison de penser que ceux-ci [ndlr: les enfants] ne recevront pas de soutien des autorités ukrainiennes lors de leur retour au pays". Permettez-moi que je m’insurge devant un tel aveuglement : ceux de votre espèce (je parle bien d’espèce car on n’a jamais vu de juge se reproduire avec un bénéficiaire de l’aide sociale par exemple) n’ont rien, mais vraiment rien compris au pays dans lequel eux-même vivent, encore moins à d’autres pays plus corrompus (selon les dires de l’ambassadeur lui-même). Si vous-mêmes n’apportez pas plus de soutien à cette famille que leur facturer vos honoraires, croyez-vous réellement que les autorités ukrainiennes vont faire mieux? Je ne croirai pas un mot à une réponse affirmative.

Si cinq personnes sont de trop sur ce territoire, prenez la place de cette famille et allez-y vous-mêmes. Prenez un vélomoteur, un sac à dos avec tout ce que vous arrivez à porter et allez-y vous-mêmes : des musiciens seront toujours plus utiles et appréciés que ceux de votre espèce. Peut-être comprendrez-vous alors enfin pourquoi certains aspergent de rouge vos statues (à ce propos et maintenant que celle à l’effigie de David de Pury a été nettoyée à fond, je remarque qu’une nouvelle couche de peinture - en particulier une peinture à deux composants correctement appliquée - tiendra beaucoup plus longtemps ; en ce qui me concerne, je l’aurais volontiers désintégrée sur place pour mettre fin aux débats mais la technologie nécessaire n’existe en principe que dans les livres de science-fiction). Vous aurez également, sur votre route, l’occasion de vous rendre compte que l’alphabet latin seul ne vous sera pas d’une grande aide pour communiquer avec les hongrois, tchèques, polonais et autres humains dont vous pourrez croiser la route. Si vous y parvenez, faites même le tour du monde : comme toutes les langues et tous les dialectes sont issus de Babel et que vous êtes autant éduqués, cela ne devrait vous poser aucun problème.

Meilleures salutations journalistiques

-JCZD

Knowledge is the light that dissolves the shroud of ignorance and blind belief. Communication and tolerance are the wires and batteries that make this light. Oï to the world. Peace to the World :-)